vendredi 8 octobre 2010
Sur Jacques Baratier
Le Dimanche 7 Novembre à partir de 17h
Tout au long de sa vie, le cinéaste Jacques Baratier (1918-2009)
réalisera différents volets d’un même projet de film,
projet documentaire qui naquit dans l’effervescence artistique
de Saint-Germain-des-Prés à laquelle il prit part après-guerre
et qui continuera à nourrir son œuvre tout au long de sa carrière.
De Désordre (1948) à Beau Désordre (2009), qu’il laissera
inachevé, en passant par Le Désordre à 20 ans (1966), c’est un
même film qui évolue et prend différentes formes, en fonction
des résonnances de l’époque, de l’histoire, de l’évolution des
techniques, des souvenirs et des intuitions poétiques de l’auteur.
Sa fille Diane Baratier, cinéaste et chef-opérateur, viendra nous
présenter la version actuelle et non définitive de Beau Désordre
que son père lui a demandé de terminer.
Cette version sera mise en perspective avec celle de 1948
accompagnée du texte du poète lettriste Gabriel Pommerand,
censuré à l’époque par la production.
Cette soirée à La Générale vient en prémisse d’une rétrospective
proposée à la Cinémathèque Française en février 2011.
Soirée organisée en compagnie de Flore Guillet, nouvelle recrue du Réel Inventé,
so welcome Flore!
Ouverure des portes à 17h
Début de la séance à 18h
restauration sur place avec notre chef cuisinier Didier
14 av Parmentier, Paris 11e
M°Voltaire
Jacques BARATIER
L’œuvre de Jacques Baratier est un continent méconnu, un archipel d’une dizaine de longs métrages et d’une vingtaine de documentaires, en attente d’être exploré. De dix ans l’aîné des enfants terribles de la Nouvelle Vague (exception faite de Rohmer dont il est quasi contemporain), Jacques Baratier n’obtiendra jamais les faveurs des Cahiers du cinéma. La foule d’acteurs, de poètes, d’écrivains, de musiciens, d’amis en tout genre qui a participé à ses films n’a d’égal que son isolement dans le paysage du cinéma français d’après-guerre. Ce n’est peut-être qu’aujourd’hui, passées les querelles esthétiques, que ses films peuvent enfin nous apparaître dans leur singulière vitalité.
« Le cinéma de Jacques Baratier est comme un brasier », écrit Bernadette Lafont en 1978. Inclassables, ses films plongent leurs racines dans la peinture, la poésie, le surréalisme et l’esprit déjanté de Saint-Germain-des-Prés – celui de Vian et de Cocteau, animé par la soif de liberté et le refus du sérieux. Qu’il filme le Quartier latin et ses indigènes dans Désordre (1948), le monde arabe dans Goha (1958) ou les terrains vagues et les bidonvilles de la banlieue parisienne dans La Poupée (1962) et La Ville bidon (1975), Jacques Baratier saisit chaque fois à travers le prisme de la mise en scène une réalité fragile, évanescente, qui donne à ses films une valeur exceptionnelle de témoignage. N’appartenant à aucun genre, privilégiant la forme du divertissement, son œuvre frappe par sa fantaisie, son audace et son étrange beauté. Éloge de la folie contre les présomptions de l’ordre, elle dut parfois subir la censure du conformisme.
Sylvain Maestraggi
Images de la culture, n° 25, CNC, 2010
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